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L'holacratie ou la mort annoncée des chefs en entreprise

Par Guirec Gombert | Publié le 20/07/2015 - Mis à jour le 25/08/2015

L’extinction de la hiérarchie est annoncée. Certaines organisations auraient déjà anticipé ce mouvement en passant à un nouveau modèle : l’holacratie. L’idée ? Laisser plus d’autonomie aux salariés en les intégrant au processus décisionnaire. De grands groupes comme des TPE annoncent régulièrement s’être libérés du carcan hiérarchique. Simple coup de com’ ou véritable remise en question de « l’entreprise à papa » ?

La biscuiterie Poult, Scarabée Biocoop ou encore Zappos ont fait le choix de décentraliser la hiérarchie et de laisser plus d’autonomie aux salariés. Elles se disent « entreprise libérée » ou dans un autre jargon, elles ont adopté un nouveau système de gouvernance : l’holacratie. En clair, elles ont fait une croix sur le modèle décisionnaire allant du sommet vers la base. A la place, l’entreprise est divisée en groupes de travail attribuant un rôle à chacun. Des groupes où tout le monde a la parole et où un système de gouvernance permet d’élire un leader amovible.

Quant au chef, la fonction peut même être supprimée. Au sein de la biscuiterie Poult par exemple, les anciens « chefs de ligne » sont devenus des opérationnels nommés « animateur de ligne ». Ils ne dirigent plus mais ont un rôle d’expert dans leur domaine. La relation hiérarchique marquée par l’organigramme, les fiches de poste et les moyens de sanction sont donc évités. A Poult, le choix a même été fait de supprimer le comité de direction.

« Quand vous contrôlez tout, les mauvais prolifèrent »

Dans l’holacratie, le mode de gouvernance implique que l’on se réunisse pour résoudre des problèmes organisationnels ou développer de nouveaux produits. Tous ces efforts pour rendre l’entreprise plus démocratique doivent permettre de mieux impliquer les salariés, donc les rendre plus heureux au travail et in fine plus productif. Un modèle qui semble difficile à appliquer en France où pourtant seulement 10% des salariés se disent contents de venir au travail, contre 60% qui viennent pour toucher leur salaire, les 30% restants se déclarant malheureux.

Comme a pu le résumer Jean-François Zobrist, ancien directeur de Favi, la première entreprise libérée de France : « Quand vous contrôlez tout, les mauvais prolifèrent, quand vous ne contrôlez rien, ils sont éliminés. Mais gentiment… » 

Détenir le pouvoir c’est transmettre l’information

Ce modèle de structure remet fortement en cause les organisations tayloriennes ou l’organisation bureaucratique vantée à l’époque par Max Weber. Elle lui apparaissait comme la plus efficace avec sa hiérarchie définie, l’autorité institutionnalisée et des responsables donnant des ordres uniquement à leurs subordonnés. Un modèle mis à mal notamment avec Internet et les nouvelles façons de communiquer.

Dans les structures classiques, l’information c’est le pouvoir, à l’inverse, dans les organisations en réseau c’est « le fait de transmettre l’information, de devenir un lieu de passage de cette information qui donne du pouvoir », écrit Denis Bismuth, dans la revue Harvard Business Review.

> Voir l’étude de CapGemini : Le management français à l’épreuve de la bascule numérique

Réduire les niveaux hiérarchiques, une solution de fond ?

Est-ce à dire que l’autorité par la position hiérarchique est morte et enterrée ? Dans une interview à Atlantico, le sociologue des organisations François Dupuy s’interroge à ce sujet. Selon lui, si le modèle taylorien perdure c’est qu’il a prouvé son efficacité. Et si les entreprises multiplient parfois les échelons intermédiaires, les rendant moins réactives, l’auteur souligne aussi que « plus une organisation réduit le nombre de ses niveaux hiérarchiques et plus les salariés trouvent cette hiérarchie pesante et inversement ». Et de souligner que le « poids apparent des niveaux intermédiaires, comme dans les entreprises, accroit en réalité la liberté de la base et donc dilue les possibilités de contrôle ».

Ce qui fait finalement l’efficacité de l’entreprise libérée, c’est donc l’autocontrôle des salariés. Est-ce que tout le monde en a envie ? Pas sûr… Et quand bien même les acteurs prennent conscience des évolutions, « ils ont du mal à lâcher prise et à renoncer à leurs habitudes de fonctionnement », analyse Denis Bismuth. De crainte de perdre leur pouvoir ?

> C'est quoi une entreprise libérée ? L’exemple de la Biscuiterie Poult

> Doyoubuzz, une start-up nantaise libérée 

> Notre page dédiée à la fonction Direction

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