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Jeunes diplômés : pourquoi vous n’aimez pas les PME ?

Par Rozenn Perrichot | Publié le 25/10/2016

Entre les jeunes travailleurs et les PME, la relation n’est pas forcément au beau fixe. C’est ce que nous apprend l’Apec dans son étude sur « l'attractivité de l'emploi dans les PME vue par les jeunes diplômés » après avoir interrogé les diplômés de niveau BAC+5 deux ans après l'obtention de leur titre.

L’idée que les jeunes diplômés se font des PME est globalement positive. Organisation plus souple, rapports plus humains, valorisation du travail malgré le peu d’expérience… Pour autant, ils n’envisagent pas leur premier emploi dans une petite ou moyenne entreprise. En cause notamment : la question de l’évolution professionnelle, qui est un véritable blocage.

Les jeunes femmes tentent davantage l’expérience de la PME

Si 48% des jeunes ont déjà travaillé dans une PME (44% étaient encore en poste au moment de l’enquête), c’est par défaut : le choix l’employeur se fait « non pas par rapport à la taille de l’entreprise, mais plutôt par opportunité, l’impératif étant d’abord de décrocher un premier emploi » relève l’enquête. Ils sont d’ailleurs plus nombreux à avoir déjà eu un poste dans une grande entreprise (62%) ou à y être en emploi (66%).

Autre particularité : par rapport à ceux des grandes entreprises, les jeunes diplômés constituent une population plus féminisée et plus mobile dans les PME. Enfin, ils s’avèrent être nettement moins nombreux, en proportion, à occuper des postes cadres.

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Les grandes entreprises sont un meilleur tremplin mais les PME sont plus humaines

Ceux qui se tournent vers les grandes entreprises le font avant tout pour des raisons rationnelles et concrètes. Ils recherchent la notoriété d’une société. A cette notion de marque employeur s’ajoute aussi l’idée d’une sécurité à long terme. Là où les PME suscitent la crainte de ne pas avoir un poste précis et de manquer de perspective d’évolution, une grande entreprise garantit selon eux un avenir à long terme, une progression bien cadrée et une référence valorisante sur le CV.

A l’inverse, le choix d’une PME est plus émotionnel et guidé par le sens des valeurs et de la dimension humaine. Ceux qui optent pour ce type d’entreprise sont motivés par un « désir de réalisation de soi au travers du travail ». Les jeunes diplômés ont le sentiment de pouvoir être directement utiles, d’être reconnus pour ce qu’ils peuvent apporter, de participer de façon active à un projet. Autres points positifs évoqués : la convivialité, le côté informel et quasi-amical des relations, le partage des valeurs et des motivations, le caractère solidaire des équipes, l’entraide, le fait que les dirigeants sont accessibles, à l’écoute et dans l’échange, etc.

Travailler dans une PME c’est « manquer d’ambition »

Mais de manière générale, les PME sont jugées trop « discrètes » dans le paysage économique, par les jeunes diplômés. Autre problème pour les jeunes travailleurs : exercer dans une PME n’offre pas un statut clair vis-à-vis de l’extérieur, des parents et des amis. « Alors qu’il suffit de dire que l’on travaille dans telle grande entreprise pour être immédiatement compris, les jeunes en poste dans une PME constatent qu’il leur faut expliquer ce que fait leur entreprise, voire se défendre contre l’accusation de manquer d’ambition dans le choix de leur employeur » rapportent les experts de l’Apec.

Il y a PME et PME

De façon spontanée et assez partagée, les jeunes distinguent trois grands types de PME, se basant sur des représentations plus ou moins fantasmées.

La PME familiale : Ce type de PME correspond à une image fortement ancrée dans l’imaginaire collectif des jeunes. Pour eux, il s’agit de la PME traditionnelle, de province, employant une 50aine de salariés. Les jeunes la voient « paternaliste, plutôt pérenne mais peu dynamique ». Elle base son activité sur une forte culture métier et un savoir-faire technique, dans un secteur plutôt traditionnel : construction, industrie, logistique... Ils la conçoivent dirigée par les descendants du fondateur, ce qui leur laisse peu de marge pour évoluer. Pas très attirante, donc.

La PME innovante de taille intermédiaire : Ce type d’entreprise est vu par les jeunes comme un bon compromis entre PME et grande entreprise. Dans l’imaginaire des jeunes travailleurs, elle compte une centaine de salariés et propose une activité à forte valeur ajoutée, dans le conseil, ou un secteur industriel de pointe comme les biotechnologies. Existant depuis plusieurs années, elle est connue dans son secteur et y apparaît comme spécialiste. Toutefois, face à une importante concurrence, elle n’est pas à l’abri des soubresauts de l’économie, ce qui est perçu comme une prise de risque réelle par les jeunes.

La start-up, lieu de tous les fantasmes ! La start-up est un modèle de PME très présent à l’esprit des jeunes. Entreprise très récente, née d’une idée forte, son savoir-faire repose sur une niche et nécessite des compétences pointues. D’après les jeunes interrogés par l’Apec, la start-up se caractérise principalement par son dynamisme et par une qualité de vie supposée meilleure que dans d’autres types d’entreprises. Les dirigeants sont restés jeunes et attentifs au bien-être de leurs collaborateurs, dont ils partagent souvent les centres d’intérêt. Les Géants de l’Internet que sont Google, Facebook, Amazone, etc sont à l’origine de nombreux fantasmes chez les jeunes qui attendent une salle de sport dans les locaux de l’entreprise, un baby-foot mis à disposition, etc. Le recrutement est perçu comme élitiste, ne reposant pas uniquement sur des compétences professionnelles pointues, mais aussi sur un savoir-être très particulier : les fameux soft-skills, ou qualités personnelles d’implication, de créativité, de curiosité, etc. Si le dynamisme de la start-up et la perspective d’une évolution rapide de sa carrière sont d’importants atouts de ce type de PME, sa fragilité économique est son principal défaut.

Les patrons déplorent « un ego sur-développé accompagné d'un manque de maturité »

Interrogés par l'Apec, les patrons de PME estiment que les jeunes recrues sont « dynamiques et enthousiastes » et peuvent apporter « de nouvelles façons de travailler, plus collectives et de nouveaux savoirs techniques et technologiques ».  Mais la fracture générationnelle a son revers, car dans certains cas « les rythmes de travail et les ambiances de bureau peuvent devenir complexes à gérer » révèle l'enquête. Une complexité accentuée par des formations en grandes écoles qui ne correspondent pas toujours aux enjeux et au fonctionnement d'une PME.

Par ailleurs, les dirigeants de petites entreprises jugent que les jeunes ont « un ego sur-développé accompagné d'un manque de maturité ». Cette tendance à la « survalorisation de soi » conduit certains jeunes travailleurs à remettre en cause les rapport hiérarchiques, ou encore à surévaluer leurs prétentions salariales. Mais les patrons de PME le savent, « leur manque de notoriété, leurs processus de recrutement et d'intégration peu structurés » sont autant de frein au recrutement de nouveaux talents, même si beaucoup estiment encore que l'embauche d'un jeune diplômé représente une prise de risque économique et managériale. Le fossé entre générations X, Y et leurs ainés semblent encore important...

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