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Au fait, c’est quoi un « job à la con » ?

Par Guirec Gombert | Publié le 20/04/2016 - Mis à jour le 14/05/2018

Les emplois « à la con » liés à la nouvelle économie seraient de plus en plus nombreux, selon l’anthropologue américain David Graeber. Et vous, exercez-vous un job à la con ?

N’y aurait-il donc plus que des sots métiers ? En 2013 sont évoqués pour la première fois, dans un court pamphlet signé David Graeber, anthropologue à la London School of Economics, les bullshit jobs . Ces « emplois à la con », vides de sens et d’utilité pour la société, sont exercés par des salariés de bureau conscients de la superficialité de leur tâche. Des métiers de plus en plus nombreux, liés à la bureaucratisation toujours croissante de l’économie. Si l’économiste Keynes prédisait une durée de travail hebdomadaire réduite à 15 heures par semaine grâce aux avancées technologiques, David Graeber constate à l'inverse que « la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus ». Et d’insister sur« le gonflement, non seulement des industries de service, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la croissance sans précédent de secteurs comme le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques ».

Votre emploi va-t-il disparaître ?

Bref, selon lui : « C’est comme si quelqu’un inventait tout un tas d’emplois inutiles pour continuer à nous faire travailler ». Les métiers d’infirmières, éboueurs, professeurs, dockers et musiciens sont à l’inverse des métiers utiles poursuit Graeber face aux missions des lobbystes, huissiers de justice, etc. Ces métiers inutiles étant (paradoxalement ?) les mieux payés…

Critique facile ? A sa sortie ce pamphlet a eu un certain écho. Il résonne à nouveau avec des témoignages recueillis par le site Vice et le magazine L’Obs. Leurs journalistes ont interrogé des salariés exerçant des « jobs à la con » : consultant en communication, assistant analyste liquidé et risques structurels, consultant junior en systèmes d’information, hôtesse d’accueil, chargée de clientèle, brand publisher… Les salariés interrogés sont conscients de la vacuité de leur mission. Certains ne cachent même par leur ennui au travail, la palme revenant à Cloé qui, à peine arrivée à son bureau, regarde des séries sur son ordinateur...

Les métiers qui ont le plus progressé en 30 ans

La thèse de Graeber est dans l’air du temps. Combien de salariés rêvent en effet aujourd’hui d’une nouvelle vie, plus proche de leurs aspirations, à l’image de ces cadres quarantenaires qui plaquent tout pour monteur leur chambre d’hôte à la campagne. Le journal The Economist a toutefois reproché à l’anthropologue de flirter avant le « c’était mieux avant ». « Les salaires réels pour les employés de bureau d'aujourd'hui sont beaucoup plus élevés qu'ils ne l'étaient il y a un siècle, et le travail, si ennuyeux soit-il, n’est probablement pas aussi désagréable. Quant aux employés des administrations, ils peuvent s'asseoir dans des bureaux climatisés, tweeter et jouer fantasy football quand leur emploi du temps le permet ». En clair, quand les ouvriers pouvaient se plaindre de conditions de travail difficiles, les employés ruminent aujourd’hui leur ennui. Ce mal a toutefois pris un nom ces dernières années : le boreout, l’inverse de l’épuisement au travail, le burnout. Selon les auteurs de l’ouvrage  « Diagnose Boreout », 15% des employés de bureau sont victimes de ce syndrome. 

Peut-on souffrir d’ennui au travail ?

Autre raison pouvant expliquer le succès de la thèse de Graeber : la mutation du marché du travail. Les salariés ont admis qu’il leur faudrait occuper plusieurs missions au cours de leur vie active. Les carrières « à papa » dans une seule entreprise ne font de toute façon plus rêver. Ce qui peut paraître paradoxale en cette période de chômage de masse. Mais c'est qu'une autre injonction pousse désormais les salariés à « s’éclater au travail », à exercer un « métier passion », les confortant certainement, au final, dans l'idée que leur métier est un « bullshit job »...

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